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Remontez à la source de votre chaîne de valeur : vos matières premières primaires


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Passez du Supplier Management au Sustainable Raw Material Management


La matière première, qu’elle soit minérale, chimique, animale ou végétale, est au cœur des enjeux de responsabilité, de performance et de souveraineté de l’entreprise.


Les industriels, tous secteurs confondus, sont confrontés à de nombreuses contraintes qui peuvent fortement les fragiliser. Ils doivent répondre aux exigences réglementaires et aux attentes des investisseurs, gérer l’accélération de l’épuisement des ressources naturelles, mitiger les risques (sanitaires, réputationnels, CSRD, résilience de leur Supply..,), et satisfaire des clients et des consommateurs finaux de plus en plus informés  et inquiets.


Plusieurs grandes natures de défis sont à relever :

  • sécuriser leurs approvisionnements dans un contexte de raréfaction des matières premières primaires (épuisement des ressources naturelles, stockages importants par certains Etats*, contexte géopolitique) : l’UE a d’ailleurs lancé en mars dernier le Critical Raw Materials Act (CRMA) qui vise à sécuriser 34 matières premières dont 17 stratégiques (Nickel, cuivre, Manganese, aluminium…) ;

  • réduire leur empreinte carbone, dont jusque 90 % peuvent être issus de leur scope 3 sur l’amont. Une étude récente du MIT (State of Supply Chain Sustainability 2024) montre que le sujet reste un vrai challenge pour les entreprises :

  • Améliorer la traçabilité des Matières Premières : d’une part due à une réglementation qui se durcit (notamment la CSRD) ou encore aux enjeux de risques réputationnels à l’image de ce qu’a vécu McDonald’s récemment aux Etats-Unis lors de la contamination de ses burgers par la bactérie E.Coli.


Or les entreprises ont souvent, au fil du temps et sous pression de la performance économique, cherché à se recentrer sur un cœur d’activité sur lequel elles excellent, et à faire émerger des fournisseurs forts (Rang 1) avec lesquels elles travaillent, leur laissant la responsabilité de gérer les fournisseurs des rangs supérieurs et de leur diffuser les règles et normes qu’elles souhaitent voir appliquer.

Si cette stratégie a permis de rationnaliser et d’optimiser l’entreprise, cela l’a aussi rendue aveugle ou a minima dépendante de sa chaîne d’approvisionnement. D’après une étude de FinanceOnline, 62 % des organisations ont une visibilité limitée de leur chaîne d'approvisionnement, tandis que 15 % se concentrent uniquement sur la production, 17 % ont une visibilité étendue et seulement 6 % ont une visibilité complète.

Alors, si maîtriser ses matières premières primaires devient critique, comment consolider une vision des fournisseurs de rang 1,2,3 et au-delà (parfois jusque 10 niveaux suivant les secteurs) ? Comment avancer dans ce qui semble être une gageure ? 


5 pistes de progrès

1. Investissez dans la compréhension de votre chaîne de fournisseurs, de rang 1 à N

Ne restez pas aveugle ! De la même manière que vous investissez pour connaître vos clients et leurs usages, investissez dans la compréhension de votre chaîne de fournisseurs. Cartographiez les fournisseurs de vos fournisseurs, et intégrez une vision à 360° des risques (risques stratégiques, géopolitiques, financiers, CSRD, ..) qui pèsent sur chacun d’eux.  Le travail semble immense, et pour beaucoup d’entreprises il l’est. Mais la segmentation et la priorisation aident à avancer à petits pas. Vive la CSRD, elle vous oblige et les oblige ! La chaîne se met en tension…

Grille de lecture développée par Kéa permettant d’analyser et de prioriser les différentes natures de risque :


2. Intégrez une vision prospective des matières

Vous n’hésitez plus à vous inspirer d’une vision prospective des usages de vos clients… mais avez-vous pensé à faire de même sur vos matières premières ? A titre d’illustration, le directeur des Achats d’un leader de la cosmétique a engagé une démarche de prospective afin de passer du mode réactif au mode anticipatif. Son objectif était de prévoir les facteurs/les sous-jacents qui pourraient affecter et/ou mettre à risque son portefeuille matières premières, ses articles packaging mais aussi les routes logistiques. Cette approche lui a permis notamment de repenser sa stratégie de sourcing (rapprochement de ses centres de production et diversification) mais aussi d’être en capacité de faire des recommandations au Marketing et à la R&D dans la gestion du catalogue produits.


3. Passez du Supplier management au Raw Management

De la même manière que des acteurs de la maroquinerie sélectionnent certains éleveurs de vache pour les soutenir dans la mise en place de pratiques d’élevage durable et garantir un approvisionnement en cuir de qualité, de la même manière que des acteurs de la cosmétique et du soin ont investi dans des fermes agricoles pour sécuriser leurs approvisionnements en fleurs « durables »….sur certaines matières clés, n’hésitez pas à vous occuper directement du sourcing de la matière première primaire ou du soutien à l’entreprise extrayant cette matière. Plusieurs modes d’actions sont possibles, plus ou moins engageants (partenariats, JV, actions de développement local…) … mais n’est-ce pas la meilleure manière d’en assurer la maîtrise ? Pour en vérifier le ROI économique,  n’oublions pas de passer de la vision Prix de revient unitaire à un calcul de performance global (coût, qualité, bilan carbone, sécurisation des approvisionnements, ...).


4. Structurez votre R&D matières premières autour de nouvelles compétences

L’innovation sur les matières premières durables a besoin d’être structurée, et de s’appuyer sur de nouvelles compétences au sein de l’entreprise, historiquement orientée sur l’innovation des procédés industriels internes ou des usages des clients. Forvia a ainsi créé Materi’act, centre de R&D et de fabrication de matériaux durables issus de plastiques recyclés ou biosourcés comme le chanvre par exemple. L’IA et le machine learning accélèrent d’ailleurs considérablement le temps de développement de ces matières. Autant de nouveaux métiers et de nouvelles compétences sur lesquels investir…


5.Agissez en coalition ou filière, notamment sur les sujets de traçabilité et de circularité

Sur certains sujets, nul ne peut avancer tout seul ! Et sur ces 2 enjeux (assurer la traçabilité de bout en bout, des matières premières primaires à vos client) ou garantir vos approvisionnements en matières recyclées, les coalitions sont nécessaires :

  • pour partager les investissements et  risques financiers sur le développement des solutions IT ou des infrastructures (collecte  des produits à recycler notamment) qui n’existent pas ou ne sont pas encore à maturité ;

  • pour mettre en commun de la data et/ou normer les besoins de data, notamment sur l’enjeu de traçabilité comme en témoigne de multiples coalitions en cours de structuration (TRASCE dans la cosmétique par exemple).

 

En conclusion


Dans cette période où nous prenons conscience de la raréfaction de nos ressources, d’enjeu de durabilité et de transparence,  la concurrence des entreprise est remplacée par celle de leurs chaînes de valeur…  Alors, savoir investir sur le sourcing et l’Innovation de ses matières premières jusqu’aux matières premières primaires devient un atout concurrentiel majeur.

Trouver les bons partenaires, structurer une gouvernance de l’innovation et la transition sur vos matières premières, en interne à votre entreprise voire en externe, définir les alliances / coalitions pour avancer sur des modèles innovants ouvrent un potentiel passionnant de progrès pour les entreprises et nécessitent de définir les bons investissements financiers et humains. Alors, après l’ère de l’optimisation des Achats, après celle du développement de vos Fournisseurs stratégiques, choisissez d’investir dans celle du Sourcing et de l’Innovation sur vos matières premières durables !

 

Auteurs :



Stéphanie Nadjarian

Senior Partner et DG Groupe, Kéa





Hugues Ménard

Partner, Kéa













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